Un we à Koya, dans un temple bouddhiste

Koya-san, au Japon, a été fondé par le moine Kukai (774 – 835) pour étudier et pratiquer le bouddhisme. Au 19^ème siècle, la ville comptait plus de 1800 monastères. En raison des incendies et du regroupement de petites structures, on n’en compte plus aujourd’hui que 117.

Koya se situe dans la province de Wakayama, à 2h au sud d’Osaka, 2h30 de Kyoto et ça se mérite ! Après 3 ou 4 trains (dont un qui vous fera parcourir pendant 1h, ce qu’ils surnomment la Suisse Japonaise), il vous reste encore à grimper dans un funiculaire puis, enfin, un bus, direction…votre Shukubô ! C’est le nom que portent les 52 monastères qui proposent un hébergement aux touristes. A l’origine, il s’agissait de simples hébergements pour des moines itinérants.

Mais tout cela est devenu très touristique. Les tarifs sont, je trouve, relativement élevés : presque 200 euros pour une chambre pour 3. A ce prix, vous dormez sur un futon (mais on y dort incroyablement bien) et vous partagez la salle de bain avec le reste de l’étage.

Que faire à Koya-San le temps d’un we ?

La journée, partez explorer un des nombreux chemins, entourés de cèdres, cyprès, pin rouge, sapin, pin parasol… Le site est situé sur un plateau montagneux, encerclé par 8 sommets. Nous en avons choisi un qui débute juste derrière le temple de Kobo Daishi. Environ 4 h de rando, avec, attention : un beau dénivelé !

Vous pouvez, le soir (enfin…à 17H30!), dîner selon les rites bouddhistes, dans votre Shukubô.

Condamnant le sacrifice de toute forme de vie dotée d’une conscience, le bouddhisme recommande une alimentation végétarienne. Les mets sont préparés selon 3 principes : 5 goûts, 5 couleurs et 5 modes de cuisson. Chaque repas doit comporter un plat grillé, un plat frit, un plat mariné, un plat à base de tofu et une soupe.

Le dîner

Je n’ai pas accroché avec le dîner…et que dire du petit déjeuner le lendemain…j’avais pour la première fois depuis le début du séjour, l’estomac au bord des lèvres… J’ai fortement pensé à une scène des Bronzés au ski…

Le petit déjeuner

Mais cela reste à faire. Vous mangez tous en tailleur, sur le tatami, en ligne et pour la plupart, dans le recueillement.

Le soir, allez-vous balader dans le cimetière d’Oku-No-In. C’est un passage obligé donc il peut être intéressant de prendre un logement à proximité soit tout au bout de la longue (environ 3 km) et quasi unique rue du village. Un très beau chemin de pierres (environ 1,6 km), bordé de lanternes lumineuses vous conduit au mausolée de Kobo Daishi, éclairé de centaines de lanternes et où se déroulent des cérémonies même en soirée. Nous avons pris une visite guidée par un moine (environ 20 euros) et proposée par un des temples. Honnêtement, c’est un piège à touristes. Il vous donne quelques informations que vous retrouverez également dans votre guide…ou dans ce post 😉 Partez-vous balader seuls…même si je ne m’y serais sans doute pas aventurée seule, on croise de nombreuses personnes qui viennent profiter de cette ambiance, la nuit, juste magique !!!

Le mausolée de Kobo Daishi Kukai  est le cœur spirituel de Koya-san. Vous ne pourrez le découvrir qu’en vous rendant sur place car les photos sont interdites. C’est là que le moine qui s’est retiré du monde à l’âge de 62 ans, demeurerait pour l’éternité dans un état de méditation. 2 fois par jour est servi à Kobo Daishi un repas qui entraîne tout une procession à laquelle on peut assister.

La nourriture est reprise de suite. On nous explique que de la même façon que lorsqu’on offre une bougie à quelqu’un, ce n’est pas tant la bougie que la lumière que l’on offre qui importe, ici, ce n’est pas la nourriture terrestre qui importe mais la fraîcheur des aliments apportés (si j’ai bien compris…).

Chaque personne qui se rend au Temple doit se laver/purifier. Dans la mesure où cela serait compliqué pour les nombreux touristes et pèlerins (le site est un must pour les bouddhistes), et ce d’autant plus en hiver, ils ont mis en place un système de substitution : avant de rentrer, vous choisissez parmi les bouddhas présentés à l’entrée du temple, celui que vous souhaitez et, de façon symbolique, vous vous purifiez en l’arrosant (pour ma part, j’ai surtout arrosé les pieds de ma voisine lors de mon premier essai).

Le cimetière est également à visiter de jour.  Entouré de cèdres centenaires, vous pourrez observer de nombreux stupas en pierre.

Ce sont des pierres tombales ou des édifices commémoratifs où sont placés les 5 éléments de l’univers. Tout en bas : la terre, l’eau, le feu, le vent, l’espace puis la conscience (non matérialisée).

Vous remarquerez également des petites statues bouddhiques portant des bavoirs. Ce sont des représentations de Jizo, qui selon la croyance populaire, veille sur les enfants et les protège dans l’au-delà. Les bavoirs sont noués par des parents endeuillés par la perte d’un enfant.

Le matin, assistez à une cérémonie dans votre temple, aux alentours de 6h 30… avant le petit déjeuner…ça pique ! Nous descendons tous, le cheveu en bataille, habillés de la tenue laissée à cet effet dans les chambres : verte, bleue…orange pour nous !

We dans un temple bouddhiste ou 1er pas d’actrice dans Orange Is The New Black ?? ;-)

Au cours du service, le grand prêtre et les moines entonnent des sûtras dans la salle principale du monastère. Certains temples proposent également des séances découvertes de méditation.

En conclusion, le site s’est éloigné de son objectif initial : Kukai désirait au départ établir un monastère au cœur des montagnes, à l’écart des distractions, afin de permettre aux moines de méditer et prier pour la paix des hommes.

S’ils prient toujours, les distractions sont désormais nombreuses et je suis repartie heureuse mais consciente toutefois que cela est devenu pour eux, un vrai business.