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Corsicaaaaa!
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Buen Camino

Sur le chemin vers Roncasvalles

Le Chemin

Au Moyen Age, les pèlerins affluaient de l’Europe entière vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Le guide du Pèlerin (12ème) attribué à Aimery Picaud, décrit les voies empruntées. Celles-ci passaient par des sanctuaires conservant les reliques de Saints très vénérables.

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En France, on parle le plus souvent, de 3 principales voies : La voie du Puy – La Voie de Vézelay et La Voie d’Arles.

En Espagne, il y a 2 chemins principaux : Le Camino Frances et le Camino Del Norte. Le 2nd part d’Hendaye. Un peu naïvement, je m’imaginais que cela serait uniquement de sympathiques sentiers douaniers et pensais donc à cette voie pour la suite mais finalement les dénivelés sont plus importants et les paysages industriels semblent assez fréquents.

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Le 1er qui passe par le centre de l’Espagne est le plus emprunté donc plus sûr pour des personnes qui cheminent seules. Je pensais qu’il était pour cette raison, également mieux loti en hébergements, critère important pour ceux qui bien souvent réservent en last minute mais j’ai lu que le chemin du Nord est désormais bien équipé en infrastructures.

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La credencial et la coquille

La coquille pour commencer… J’ai fait simple : j’ai acheté des coquilles St Jacques chez Picard et fait percer le haut de la coquille pour y glisser un cordon. On l’accroche ensuite à son sac, pour se reconnaître même si honnêtement…pas besoin de ça pour se reconnaître. L’office des Pèlerins de Saint Jean Pied de Port (SJPP) en propose gratuitement.

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La credencial est aussi appelée « Passeport du Pèlerin ». On peut se la procurer dans les principaux Office de Tourisme (O.T.) du chemin ou sur internet. A Lille, la librairie La Procure…eh bien en procure justement ! (6 euros contre 12 sur internet et 2 à SJPP).

Au Moyen Âge, les pèlerins devaient pouvoir justifier de leur statut pour bénéficier de l’hospitalité des monastères et des hospices. Certaines auberges sont encore uniquement réservées aux pèlerins mais cela est plus rare. Elle est aussi indispensable pour les étudiants Espagnols qui peuvent prétendre à une bourse en justifiant avoir parcouru une certaine distance du chemin. Pour tous pèlerins, elle devient un bien précieux qui rappelle les étapes, les rencontres, les lieux…

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Le 1er jour, notre hôtesse, artiste, nous a fait un dessin en guise de tampon. Dans la même ville, l’Office de Tourisme (O.T.) nous a proposé de tamponner notre credencial. Sur le coup, je pensais que la règle était « une étape = une case ». Et moi la règle c’est la règle.  Donc j’ai fait mettre les 2 sur la même case. Finalement, j’ai réalisé qu’avoir un maximum de tampons est un sport très pratiqué sur le chemin. Certains vont jusqu’à en faire 2 ou 3 par étape, car ce ne sont pas seulement les O.T. qui le proposent mais gîte, pharmacie, Food truck dans la petite montée qui fait mal… Tout cela ressemble à s’y méprendre à une partie de Pokémon Go !

Un pèlerin…plusieurs façons de cheminer

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Dès la création de notre groupe Whatsapp, nous avons, avec mes 2 amies, donné le ton : Ce sera « Saint Jacques Tout Confort »! Entendez par là, que nous avons opté pour un portage de nos bagages*, en restant néanmoins raisonnables : nous n’avons quand même pas sorties la Delsey 4 roulettes 23kg et les talons compensés. Nous avons modestement opté pour un sac à dos de 50 litres et un petit sac de 20 litres pour nos journées. Nous avons croisé un homme qui n’avait en tout et pour tout, qu’un sac à dos de 3,5 kg…

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Cela peut faire partie du charme du voyage de prendre le temps de s’alléger au maximum en réfléchissant à l’utilité de chaque objet et vêtement. Eliminer le superflu, ne retenir que l’essentiel… promesses d’une vie plus simple dès notre retour. J’apprécie vraiment cette philosophie, j’admire ces personnes, étant une adepte convaincue du minimalisme, mais je dois reconnaître qu’au quotidien, un sac à dos de 40 litres sur le dos, gâcherait un peu mon plaisir.

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D’autant que même délestée de mon sac, j’ai succombé aux affres du marcheur : les ampoules. Un calvaire, dès le 3ème jour, qui aurait pu être évité si je m’étais mieux préparée. Je pensais qu’embarquer une boite de Compeed faisait de moi, une randonneuse avertie…mais non. Il faut avoir une approche plus globale : de bonnes chaussures (mes chaussures de rando ont déjà quelques km au compteur) et surtout des chaussettes double peau ! Quand j’y repense… quelle insouciance…quel manque d’anticipation et préparation. Je me rassure en me disant qu’on croise sur la route, de nombreux marcheurs, partis pour plusieurs mois (qui devraient donc d’autant plus se préparer) mais qui finalement doivent s’ajuster en cours de route. Finalement, on n’est jamais vraiment préparé à ce que l’on va y trouver.

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Parmi les choses auxquelles on ne s’attend pas par exemple :  les morsures de chien au mollet. J’y ai eu droit une fois, de la part d’un tout petit chien mais vorace et surexcité. C’est assez fréquent a priori. Mais pour en revenir à nos moutons – après avoir évoqué le chien du berger – la question du « qu’est-ce qu’un vrai pèlerin ? » s’est souvent posée sur le chemin car autant dire qu’avec notre version « luxe », on détonnait parfois. Dans la grande majeure partie des cas, sans doute comme nous décrivions les choses avec autodérision, on nous répondait poliment « A chacun son chemin ». Une seule fois, finalement, dans un gîte, un couple nous a un peu pris de haut. A croire, que si tu ne le fais pas à genoux, comme à la grande époque, tu es une touriste de base qui ne mérite pas leur considération. J’aurais aimé plus d’ouverture et qu’ils prennent plutôt le temps de nous raconter leur façon de cheminer et ce qu’ils en retirent comme bénéfices, ce qu’ont fait 99% des marcheurs avec qui nous avons eu le plaisir d’échanger.

Les logements

Logement

Le « vrai » pèlerin réserve souvent la veille voire le jour même. Il peut aussi changer le jour J car il a fait une rencontre amoureuse sur le chemin. On en a croisé dans nos gîtes, des invités de dernière minute. Cela fait sourire à table – discrètement – personne ne se permettrait un commentaire. Le pèlerin est discret.

Nous avons alterné entre gîtes et hôtels. Nous n’avons jamais fait de gîtes communaux. Ceux de Navarrenx et Roncevaux semblent très bien, fraîchement refaits mais pas complètement emballée à la perspective de dormir dans un dortoir avec le bruit et les odeurs de 15 pèlerins qui se relâchent après une rude journée de marche.

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A 3 dans une chambre, nous avions déjà des difficultés à nous dormir… Je n’ai jamais connu autant de nuits d’insomnies. Moustiques, chaleur, mais je pense également que la randonnée procure une adrénaline (en nous oxygénant ++) qui empêche l’endormissement. Car après plusieurs nuits à ce rythme, je n’ai jamais ressenti la fatigue d’une nuit courte.

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Nous avons fait 3 des 5 étapes en gîte et j’ai beaucoup apprécié. Au début, je dois avouer que je n’avais pas forcément envie de socialiser, juste envie de me poser avec un bon livre après 20 km de marche et d’observer du coin de l’œil les « vrais pèlerins », ceux qui partent tôt pour s’assurer une place dans le gîte suivant et pour avoir le temps de laver et faire sécher leur slip enfin…plutôt sa serviette en microfibre et son tee shirt Quechua car comme le fait si bien remarquer Jean Christophe Ruffin dans Immortelle randonnée – Compostelle malgré moi, bizarrement, on ne voit jamais de sous-vêtements sécher sur la cordelette commune. J’ai beaucoup aimé la 1ère partie de son livre. Il y décrit fort bien les pèlerins (motivations, petits travers, histoires amoureuses sur le chemin…). L’envie de faire le chemin fait suite souvent à une rupture amoureuse (ou au contraire l’espoir de trouver l’amour sur le chemin), à un deuil (on croise d’ailleurs de nombreux autels avec des photos de défunts) ou encore à la maladie.

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Revenons au gîte: le tutoiement de rigueur m’a un peu surpris la 1ère fois. Je dois être de la vieille école. Finalement, les grandes tables communes et l’apéro offert permettent de briser la glace, d’autant plus quand vous vous retrouvez à côté de charmants nordistes (oui on a beau être là pour le dépaysement, dès qu’on se croise, on se regroupe !). Enfin, après quelques étapes, il y a le plaisir de retrouver d’autres marcheurs perdus depuis quelques jours car certains s’arrêtent 2 jours à un endroit, d’autres font des variantes.

Notre chemin : 5 jours dans le Béarn et le Pays Basque

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Nos étapes :

  • Navarrenx – Aroux (19 km)

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  • Aroux – Saint Palais (19 km) : c’est une variante qui nous a permis de découvrir ce joli village, d’assister à une partie de Pelote Basque en découvrant la spécialité culinaire locale : le Paloa à base de ventrêche et crêpe de maïs. C’est sec et dur.

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  • Saint Palais – Ostabat (10 km) : petite étape pour profiter, dans l’après-midi, de la piscine de nos charmants hôtes. A Ostabat, 3 voies se réunissent.

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  • Ostabat – Saint Jean Pied de Port (22 km)

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  • SJPP – Roncevaux (Roncasvalles) (27 km) : 1ère étape espagnole. Nuit au monastère composé d’un hôtel plutôt luxueux pour lequel nous avons opté pour notre dernière étape et d’un gîte communal.

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Nous avons donc débuté notre chemin à Navarrenx, sur la voie du Puy en Velay. Notre choix s’est fondé sur une considération pratique : ne pas être trop éloignées de la suite de nos vacances respectives. Par ailleurs, traverser le Pays Basque et ses petits villages typiques, était une perspective réjouissante.

1ère photo

1er jour, après 20 min de marche, on est perdues en forêt. On ne sait pas quel tracé on doit suivre. Le rouge et blanc est le tracé du GR65 mais honnêtement à ce moment-là, on ne le sait pas encore…

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C’est le moment que choisi la compagnie de taxi pour m’appeler et me demander pourquoi on lui a envoyé une photo de nos sacs (« Ben pour que vous sachiez lesquels récupérer à l’auberge »). Nous ne sommes pas sur leur liste car ils n’ont jamais reçu mon chèque envoyé 7 mois plus tôt. Nous avons bouclé notre organisation par un froid dimanche de janvier entre galette des rois et Champagne. Nous n’y avons pas retouché ni même repensé jusqu’en août, mois de notre chemin. Moyennant un bon supplément pour les valises et l’aide de Google pour l’orientation, tout est vite rentré dans l’ordre.

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On s’étonnait les premiers jours de croiser peu de monde sur les chemins. Il y a eu beaucoup moins de monde, de façon générale, cette année car beaucoup d’étrangers le font (Asie, Océanie) mais avec la flambée des prix des avions pour les JO, beaucoup ont reporté. Cela n’explique pas tout. Nous partions généralement vers 8H30 et à cette heure, le pèlerin a déjà 10 km dans les pattes. Pour la dernière étape, celle que nous redoutions depuis le départ avec ses 27 km et ses 1200 m de dénivelés, nous sommes parties beaucoup plus tôt et en effet, l’ambiance sur le chemin est tout autre.

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Sur le chemin, nous mangeons peu. On suit les conseils de nos 2 chtis de la 1ère étape, une mère et sa fille, drôles et sympathiques, qui parcourent le chemin ensemble depuis plusieurs années. Rapidement, notre régime est le suivant : copieux petit déjeuner – un œuf dur et une tomate en croque sel le midi et spécialité basque le soir.

To Be Continued…

Beaucoup font l’ensemble du chemin sur plusieurs années, par tronçon de 10/15 jours de marche. Ils partent la fois suivante de l’endroit précis où il se sont précédemment arrêtés. Si je le refais, après avoir commencé par le milieu, j’aimerais connaître l’ambiance du départ et celle de l’arrivée. Mon projet serait de faire la partie « Puy-en-Velay – Conques », en 1 ou 2 fois (environ 10/11 jours au total). Le Puy pour la messe de départ et le flux de pèlerins partant d’un même pas, le 1er jour, dans une ambiance que j’imagine joyeuse et peut être un peu aussi de recueillement. Conques car tous les pèlerins que vous croiserez vous diront que c’est la plus belle étape. J’imagine déjà par ailleurs, les repas dans les gîtes à base d’aligot et autres merveilles gastronomiques de l’Auvergne et de l’Aubrac !

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Et puis, je terminerai par les 100 derniers km pour atteindre Saint Jacques. Beaucoup ne font que cette dernière partie. Il parait que c’est une autoroute de touristes et que cela retire une grande part de charme à l’ultime étape, d’autant plus pour ceux qui ont vécu une vie d’ascète les semaines précédentes !

Dernière photo

En conclusion, 5 jours c’était bien pour moi pour une 1ère approche du chemin. Au-delà du plaisir de la marche dans une belle région, j’ai aimé observer et écouter les pèlerins. Finalement, cela a davantage été ma motivation que de chercher à en être véritablement une. Je suis sans doute passée à côté de la dimension spirituelle (bien que marchant la plupart du temps seule car j’aime marcher en silence) mais je ne suis pas sûre que faire des marches de 2 ou 3 semaines le permettent plus. Et honnêtement, je ne suis pas encore prête pour la traversée de plusieurs mois.

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Néanmoins, 2 mois plus tard, j’ai pris beaucoup de plaisir à me remémorer cette semaine. C’est donc sûr, j’y reviendrais.

* Les porteurs de sacs : Il y en plusieurs sur le chemin. Pour notre part, nous avons opté pour Les Valises de Saint Jacques entre Navarrenx et SJPP puis Bourricot Express entre SJPP et Roncevaux avec un retour en taxi vers Navarrenx, le dernier jour. Comptez 8 euros par étape et par sac (max 12/13 kg).

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