Après environ 10 jours sur Tana, ville embouteillée, polluée… Ce fût une véritable bouffée d’oxygène de prendre la route et de quitter la ville pour Antsirabe. Si j’avais des raisons de rester à Tana, néanmoins la plupart des touristes n’y font qu’un passage à l’arrivée et au moment de leur départ. J’ai eu la chance de pouvoir me greffer à un petit groupe de français qui rejoignait, en 4X4, Antsirabe, ville thermale à 170 km au sud de Tana. Sur le chemin, ils avaient prévus plusieurs arrêts dont j’ai pu profiter.
Nous nous sommes notamment arrêtés, au sud de Tana, chez Mme Violette (oui car à Mada, on est « Madame et son prénom ». Ainsi les jeunes de l’orphelinat m’appelait « Madame Letty ») … donc Mme Violette et son mari Dieudo, qui dirigent une ferronnerie avec un fort impact social et sociétal. Ils accueillent des personnes en difficulté et leur font travailler le métal pour en faire des objets de décoration, des ustensiles… Chacun choisit son rythme. Des personnes âgées peuvent venir travailler quelques heures… Le site accueille également une école (primaire et collège) pour les enfants du personnel. Plus d’infos: https://www.voyagemadagascar.com/atelier-ferronnerie
Sur la route qui mène à Antsirabe, vous pouvez également vous arrêter déguster du foie gras ou encore visiter la plus célèbre fonderie de cocotte en aluminium du pays.
La ville possède le climat le plus frais de Madagascar. En hiver, la température peut descendre jusqu’à 0 °C. Antsirabe est surnommée la Vichy malgache à cause des nombreuses sources d’eau thermale ou minérale encore exploitées aujourd’hui. C’est également la ville du Pousse Pousse!
J’ai passé quelques jours chez des sœurs qui dirigent un collège. La jeune et énergique directrice a mis en place de nombreuses choses visant à développer et/ou renforcer la confiance en soi et l’estime de soi des enfants accueillis, généralement de quartiers défavorisés. Le matin, alignés en rangée selon leur niveau, ils font quelques exercices pour libérer leur énergie et chantent à tue-tête: « nous sommes la classe des vaillants », « nous sommes la classe des méritants », etc… Ici la discipline règne!
Le 1er soir de mon arrivée au Collège, alors couchée, j’entends des chants qui se prolongent tard dans la nuit. Me dis « flûte, c’est la fête au village (la Saint Jean locale sans doute) et je loupe ça! ». Le lendemain, alors que je m’éveille doucement vers 7h30, je descends dans la cours pour assister aux fameux chants des enfants avant le début des cours. La directrice me voit et me propose de la rejoindre sur le balcon qui lui lui sert d’estrade. Tous les enfants, environ 80/90, me chantent un chant de bienvenu. La directrice leur dit « et maintenant, Laetitia va vous dire quelques mots »….euh…comment dire…j’ai pas encore pris mon café… un peu encore dans les vapes, je tente de rassembler mes idées et leur dit « Merci pour ce chant de bienvenu! c’est sans doute vous que j’ai entendu chanter hier soir avec vos parents…c’était très gai!! ». Et là, la directrice se penche vers moi et me dit à l’oreille « en fait, c’était une veillée funéraire ». Gloups… Ce qui se passe, c’est qu’à Mada, tout ce qui entoure le deuil peut ressembler à s’y méprendre à un moment festif, avec beaucoup de chants. En l’occurrence, là, pour la veillée, tout le quartier se relaie pour chanter toute la nuit et tenir compagnie au corps du défunt.
Mais le plus typique de Mada, ce sont les retournements de mort. Selon la philosophie malgache, les âmes des défunts ne rejoignent définitivement le monde des ancêtres qu’au bout d’une longue période pouvant durer des années, et après l’accomplissement de cérémonies appropriées.
Le rituel, environ tous les 7 ans, consiste à déterrer les os des ancêtres, à les envelopper cérémonieusement dans des tissus frais et à les promener en dansant autour de la tombe avant de les enterrer à nouveau. C’est une tradition qui tend à se raréfier car si c’est l’opportunité de réunir tous les membres d’une famille, cela reste onéreux.
J’ai eu la chance grâce à l’amie d’une amie, revenue à Mada, à cette occasion, de pouvoir assister aux retournements des morts de plusieurs membres de sa famille. C’est beaucoup de monde (plus de 1000 invités), beaucoup de chants, des danses… C’est un moment très festif.
La descente du fleuve en pirogue fait partie des incontournables. On ne peut le faire seule(e) pour des raisons de sécurité. Il faut donc rejoindre un petit groupe et souvent les guides se regroupent également. L’union fait la force dans une région où les bandits sont légions. Le plus simple est, une fois à Anstirabe, d’aller à l’auberge de jeunesse « Chez Billy », le point de rencontre de tous les guides indépendants. Les groupes se constituent vite et les départs sont donc fréquents. Pour ma part, j’ai payé 350 euros pour 6 jours avec la descente en pirogue – les Tsingy de Bemaraha et l’allée des Baobabs.
Me voilà donc partie avec mon groupe de 15 touristes venus des 4 coins du monde: amis, couples, solos… Quelques heures de route pour rejoindre Miandrivazo et notre embarcation de fortune. On charge les matelas (qui nous serviront de fauteuil le jour) sur notre pirogue. Chacun se voit remettre une ombrelle car mine de rien, ca tape dur!…Et en avant Guingamp! 30 minutes de pirogue plus tard, je me suis dit que ça allait être long….trèèèèèèèèès long, 2 jours et demi de pirogue…d’autant plus qu’il n’y avait pas une ziquette de réseau…
Et en fait, non! On s’y fait très vite de ne rien faire: contempler, somnoler, écouter la musique, lire, faire des mots croisés, méditer… Mieux qu’une retraite! Le paysage n’a rien d’exaltant en soi. Pour avoir grandi à côté de la Loire, je n’ai pas noté grande différence si ce n’est quelques villages de temps en temps et des villageois qui se lavent nus dans la rivière (l’autochtone est plus frileux dans la Nièvre :-))
La descente se poursuit jusqu’à Belo où nous retrouvons nos 4X4 pour rejoindre les Tsingys. Nouveau camping pour 2 nuits quand nous aurions fortement apprécié un hôtel, après 2 nuits de camping sur les bords du fleuve (à négocier si possible car à environ 10/15 euros la nuit d’hôtel, c’est dommage de s’en passer). Nous avions tous un tel sentiment de crasse (entre la chaleur, la terre rouge…), que nous avons fini par nous laver dans la Tsiribihina alors que l’eau est vaseuse et que nous avions croisé des crocodiles la veille aux abords du fleuve…
Les Tsingy sont des immenses massifs de calcaire aux allures impressionnantes. Dans le parc national, vous pouvez faire de belles randonnées dans le grand et le petit Tsingys. Armé d’un baudrier, vous escaladez, crapahutez, en extérieur comme dans des grottes (avec quelques passages un peu oppressants pour la claustro que je suis). Cette randonnée reste néanmoins un super souvenir et que je recommande donc vivement! Attention, en revanche, au regard des moments d’escalades, à avoir de bonnes chaussures. Mes semelles lisses, c’était limite…
A quelques heures de 4X4 des Tsingys, se trouve la majestueuse allée des baobabs.
Pas besoin d’y consacrer beaucoup de temps. Nous sommes arrivés vers 17h. Le temps de prendre un verre, de nous installer confortablement comme tous les autres touristes présents pour voir le coucher de soleil sur les baobabs. Magique…
Dernière étape de mon petit trip à l’ouest de Madagascar: la ville balnéaire de Morondave. J’ai opté pour un hôtel d’un bon rapport qualité/prix (environ 12 euros la nuit), l’Eden Rock. Il présentait pour moi, l’avantage indéniable d’être juste en face de la gare routière de Morondave d’où je devais prendre mon bus Cotisse, un matin à 5H30. Je cherche en arrivant la gare. Je ne trouve pas. Je demande donc à la réception de l’hôtel au moment du checking. Elle me montre une sorte de petit terrain vague avec un bus déglingué. J’ai failli lui dire « la décharg…enfin le truc là?? ». Bref, il faut oublier tous ses standards… Mais comme je le disais dans mon 1er post, je recommande finalement les lignes de bus Cotisse.
Sur le coup, avant de découvrir la presque île, je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir faire là. Résultat, j’ai passé ma première matinée, à me refaire un beauté au centre esthétique de la ville : shampoing, soin, manucure, pédicure, massage… Tout ça pour je pense moins de 25 euros. On m’avait recommandé la plage de Kimony qui n’a rien d’exceptionnel. C’est excentré et les hôtels pour touristes sont particulièrement chers (80 euros la nuit). C’est la presqu’île qui est définitivement l’endroit le plus sympa, pour ses petits hôtels, ses magasins souvenirs, ses restaurants en bord de mer, sa plage… Quelques vasas y ont élu résidence et ont ouvert des gîtes/restos sympas. Tout au bout, vous pouvez traverser en pirogue, la lagune pour rejoindre un petit village de pêcheur préservé.
Après 2 jours sur place, je suis repartie vers Tana pour la fin de mon périple. J’ai retrouvé les sœurs et les enfants du centre pour un dernier moment de partage, avant de reprendre mon vol, avec des chants qui ont encore longtemps raisonné dans ma tête…